Article de S. Bersauter – 2 juin 2018
Source : La Dépêche du Midi – Crédits Photo archives J. Sch.
Justice – Tribunal correctionnel
Il avait 63 ans, elle 50. Ils vivaient depuis quelques mois ensemble et avaient choisi de découvrir le Lot-et-Garonne et le Sud-Ouest au guidon d’une moto. Ce 31 juillet, il pilotait leur Honda, elle était passagère. Vers 13 h 30, sur une route départementale près de Casseneuil, leur vie s’est simplement arrêtée. Deux morts.
Lui est décédé sur le coup, elle devait ne pas survivre dans les heures qui ont suivi cette collision. Après une longue ligne droite, un virage. Une Peugeot 206 verte a été aperçue en dépassement. Une, deux, trois voitures dépassées à vitesse élevée. En face, la Honda et une Clio. Les motards sont éjectés, l’automobiliste est blessé dans l’habitacle de sa Renault. Il est choqué.
Hier à l’audience du tribunal correctionnel, l’émotion est encore là. Le quadragénaire qui a perdu le contrôle de son véhicule pleure. Il s’excuse, se retourne et plonge le regard dans la salle. Il croit voir des proches des deux victimes. Tardif le mea culpa. «Je roulais trop vite. Je voulais arriver à l’heure au boulot. J’ai perdu le contrôle. Je n’ai pas de souvenir de la vitesse.»
La vitesse ? Un expert l’a fixée à plus de 120 km/h. Sa voiture n’a pas eu de soucis mécaniques. Il roulait vite, très vite. Les gendarmes ont entendu des témoins. À des feux tricolores, d’autres conducteurs l’ont vu démarrer en trombe. «C’est vrai, j’ai déboîté car j’étais en retard.» Sa propre voiture a reculé d’une dizaine de mètres dans l’impact. Le motard et la passagère ont été éjectés. Les parties civiles voulaient «une sanction exemplaire. Ils ne sont pas dans la vengeance», expliquait leur avocate Katell Plancon.
«On dit souvent que c’est la faute à pas de chance», regrettait Gilles Hamadache. «C’est parfois la faute à pas de chance, mais là, non.»
Accablant aussi, le réquisitoire d’Hélène Girard, procureure de la République. «Une route est limitée à 90 km/h mais c’est la vitesse maximale autorisée. Ici, on est à l’entrée d’une courbe.»
De la prison ferme est requise. Elle est confirmée par le tribunal correctionnel : 5 ans de prison dont 18 mois avec sursis, interdiction de repasser le permis de conduire pendant cinq ans à sa sortie de prison. Il a déjà purgé dix mois de détention provisoire. Cette condamnation n’est qu’un épisode supplémentaire d’une vie chaotique, mère disparue, suicide du père trois ans après, un enfant mort-né.
Le chauffard a écouté la condamnation, sachant avant même le début de son procès qu’il allait payer par la prison son erreur terrible. Il a toutefois tenu à préciser que le dépistage positif aux stupéfiants était lié à une consommation remontant à la semaine précédente.
S. Bersauter